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Vendanges Les viticulteurs bordelais luttent contre la pénurie de main d'oeuvre

BORDEAUX, 10 sept (AFP) - Bourse des vendangeurs, site Internet, petites annonces interactives... les viticulteurs du Bordelais multiplient les efforts pour trouver quelque 9.000 saisonniers alors que les vendanges des blancs commencent cette semaine et seront suivis par les rouges en fin de mois.

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"Vous cherchez à vendanger ? Vous cherchez des vendangeurs ? cliquez ici". www.monaoc.com, le site de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, vient de lancer un service "spécial vendanges" reliant volontaires et employeurs.

Tout aussi mobilisées, les agences ANPE locales mettent en ligne des annonces en plusieurs langues pour proposer ces emplois saisonniers payés au minimun 6,83 euros de l'heure, avec des avantages en nature de plus en plus réduits. "Il n'y a pas pénurie de main d'oeuvre, le tout est de bien s'organiser et de limiter la précarité", assure Brigitte Paradivian, directrice de l'ANPE de Cenon, dans la banlieue bordelaise. Son agence a lancé un "plan vendanges" dès juillet pour recenser les besoins des propriétaires, activer les recrutements locaux et permettre à ceux qui viennent de loin de s'organiser.

Principal frein au recrutement, les vendangeurs ne sont plus logés à la propriété. "Les normes sanitaires sont draconiennes, on ne peut plus comme autrefois, offrir un lit aux saisonniers", affirme Patrick Dejean, qui préside le syndicat viticole de Loupiac. Et, le plus souvent, le transport n'est pas non plus pris en charge par les employeurs. Exemple rare dans le Bordelais, la municipalité de Cenon propose un bus de ramassage gratuit en partenariat avec des châteaux voisins. Pour sa part, l'Union des vins blancs liquoreux de Bordeaux loue un camping municipal à proximité des vignes. L'Union a aussi créé une "bourse des vendangeurs" pour faciliter la mobilité de la main d'oeuvre: le système permet aux volontaires, baptisés "vendangeurs volants" d'enchaîner les jours de travail dans différentes propriétés en évitant les coupures. "L'an dernier, on n'a eu aucun problème de main d'oeuvre", affirme Jean Bernard Cugbullière, chargé du projet.

En face, la CFDT-Gironde a dénoncé lors de sa conférence de presse de rentrée "la dégradation continue des conditions de travail des saisonniers". En écho, la CGT a accusé début septembre les exploitants viticoles d'"imposer des cadences inhumaines et de développer la sous-traitance et le travail à la tâche". Pour William Ferré, responsable CFDT dans le Médoc, la dégradation "remonte aux années 80, quand l'or a coulé à la place du jus de raisin et que les propriétaires ont cédé à la logique de la productivité et de la rentabilité". "Cela a commencé dans les grands châteaux rachetés par des multinationales et par des assurances", affirme Pierre Guinabert, producteur dans le Sauternais. Rares sont les châteaux qui, comme autrefois, offrent le traditionnel "casse-croûte" du midi à leurs saisonniers ou même le repas de fin de vendanges. "La convivialité n'existe plus, aujourd'hui, c'estle bagne pour les coupeurs, c'est normal qu'il y ait peu de candidats", estime Suzanne, une "vieille vendangeuse" qui a décidé de ne plus pratiquer.

L'association France-Québec qui propose aux étudiants québecois des alléchants "séjours/intégration en milieu viticole" préfère prévenir dans ses annnonces Internet: "C'est un travail physiquement très difficile... il ne s'agit pas de vacances... et en venant faire les vendanges, ne pensez pas faire fortune".


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